L’ONU et des ONG font régulièrement état d’un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé par Israël après plus de 21 mois de conflit, déclenché par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023.
Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a déclaré à l’AFP qu’au moins 57 personnes avaient été tuées et des dizaines blessées à la suite de « tirs de l’occupation (Israël, NDLR) sur des personnes attendant de l’aide au nord-ouest de la ville de Gaza ». Sollicitée par l’AFP, l’armée a parlé de « tirs de sommation afin d’écarter une menace immédiate qui pesait sur elle », face à un regroupement de « milliers » de personnes. Elle a démenti le bilan de la Défense civile.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël, qui assiège Gaza, et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.
Qui sauver ?
« Des milliers de personnes désespérées étaient rassemblées pour obtenir de la farine », raconte Qassem Abou Khater, qui s’était rendu à une distribution d’aide. « Les chars (israéliens) tiraient de manière aléatoire sur nous », dit cet homme de 36 ans qui affirme avoir vu « des dizaines de personnes » mourir devant lui. « La question était: est-ce que j’emporte un blessé pour le sauver, ou un sac de farine pour sauver ma famille ? Mon Dieu, à quoi nous en sommes réduits ! », se lamente-t-il.
« J’ai réussi à obtenir un sac de farine avec difficulté » mais « à tout moment j’aurais pu mourir à cause des tirs nourris des soldats et des chars », confie de son côté Hassan Radouane, 41 ans. Le Hamas a dénoncé un « massacre ».
La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), un des principaux distributeurs d’aide à Gaza, a plusieurs fois laissé entendre que le Hamas attisait les tensions aux abords des points distribution en y envoyant des hommes armés. La GHF, soutenue par les Etats-Unis et Israël, avait commencé ses opérations fin mai, après un blocus humanitaire total de plus de deux mois imposé par Israël en dépit des avertissements de l’ONU sur un risque imminent de famine à Gaza.
L’ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec cette organisation au financement opaque en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.
« Barbarie » de la guerre
Dans ce contexte, l’armée israélienne a annoncé étendre ses opérations à la région de Deir al-Balah, dans le centre du territoire palestinien, où elle a sommé la population d’évacuer. Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a exhorté les civils à « se diriger vers le sud ».
En près de 22 mois de guerre, la majorité des plus de deux millions de Palestiniens de la bande de Gaza ont été déplacés au moins une fois. L’annonce israélienne a inquiété des familles d’ otages détenus depuis le 7 octobre 2023, qui craignent que l’offensive israélienne ne mette en danger leurs proches.
En Italie, le pape Léon XIV a appelé à mettre fin immédiatement à la « barbarie » de la guerre à Gaza, quelques jours après une frappe israélienne meurtrière contre une église catholique dans le territoire palestinien. « J’en appelle à la communauté internationale pour respecter le droit humanitaire et l’obligation de protéger les civils, ainsi que l’interdiction des punitions collectives, de l’usage indiscriminé de la force et du déplacement forcé des populations », a-t-il ajouté. Le pape avait appelé vendredi à « redynamiser les négociations » indirectes en vue d’un cessez-le-feu, qui sont dans l’impasse.